LA TRAVERSEE DE PARIS

La Traversée de Paris est un film franco-italien réalisé par Claude Autant-Lara, sorti en 1956.

♦ Synopsis :

En 1943 à Paris, pendant l’occupation allemande, Martin est un chauffeur de taxi au chômage qui gagne sa vie en livrant des colis pour le marché noir. Le soir même, il doit transporter à pied quatre valises contenant un cochon découpé à l’autre bout de la capitale. Il se rend dans la cave d’un nommé Jambier et y joue de l’accordéon pendant qu’on égorge l’animal. Ceci fait, il se dirige avec sa femme Mariette vers le restaurant où il doit retrouver son complice. Il y apprend que celui-ci vient d’être arrêté par la police. Un inconnu entre alors dans le restaurant et, sur un malentendu, craignant qu’il ait glissé un rendez-vous à sa femme, Martin l’invite à partager son repas et travailler avec lui. Ce choix s’avère vite calamiteux, car ce nouveau personnage, un certain Grandgil, est loin d’être docile. Il s’octroie tout d’abord une substantielle augmentation de salaire en terrorisant le malheureux Jambier. Puis, il détruit les bouteilles d’un bar où les deux complices se sont réfugiés de la police et traite les tenanciers de « salauds de pauvres ». Il va même jusqu'à assommer un policier dans le quartier où habite Martin. Et lorsque, fuyant une patrouille allemande, ils finissent par se réfugier dans l’appartement de Grandgil, c’est avec stupéfaction que Martin, découvre qu’il s’agit d’un peintre d’une certaine renommée qui ne l’a suivi que pour se distraire. Poursuivant néanmoins leur chemin, ils arrivent enfin à l’adresse de la livraison mais trouvent la porte close. Ils produisent alors un tel tintamarre que la police intervient. Dans la Kommandantur où ils sont emmenés, un officier allemand reconnaît le peintre Grandgil. Il s’apprête à les faire relâcher lorsqu’on annonce l’assassinat d’un colonel. L’officier allemand ne parvient à sauver in extremis que Grandgil tandis que Martin, lui, part en déportation. Les années passent, Paris est libéré, et nous retrouvons Grandgil sur un quai de la gare de Lyon suivi par un porteur de valises. Du haut de la fenêtre du wagon, Grandgil reconnaît soudain Martin portant, comme toujours, les valises des autres.

♦ Fiche technique :

 

♦ Distribution :

♦ Commentaires :

Claude Autant-Lara déploie toute son insolence et son goût pour la provocation dans cette farce caustique et grinçante ayant pour cadre historique l’occupation allemande. Deux complices que tout oppose, le caractère et la position sociale, traversent Paris la nuit pour livrer un cochon au marché noir. Sur ce fragile argument, se développent une série de péripéties et une galerie de portraits qui constituent une dénonciation des travers les plus sombres d’une époque en même temps qu’une virulente critique sociale.
Les deux monstres sacrés que sont Bourvil et Jean Gabin s’y donnent avec truculence la réplique pendant qu’à côté d’eux, un certain Louis de Funès, trouve l’un de ses premiers grands rôles.
Il s’agit probablement du chef-d’œuvre de Claude Autant-Lara et, en tout état de cause d’un grand classique du cinéma français.

Un parcours initiatique :

La traversée de Paris est sans aucun doute un parcours initiatique. Grandgil peintre dont le talent est temporairement suspendu à cause de la guerre se distrait et forme par la provocation Marcel Martin un chauffeur de taxi au chômage introverti qui par manque d’assurance se laisse manipuler par son environnement.
Cette longue marche de nuit à travers les quartiers de Paris qui succède à la scène anthologique du marchandage du transport des valises va permettre à Grandjil d’exposer à Martin par des exemples concrets les limites de la race humaine. La scène du café où Grandjil se lâche en compagnie d’un Martin temporairement libéré de ses préjugés est un exemple parfait de ce débordement verbal et physique que l’on peut condamner.
Martin est bousculé par les extravagances outrancières de Grandjil. Il se prend au jeu de la puissance que représente ce peintre désabusé qui s’amuse à déstabiliser ses contemporains qu'il juge faibles et sans envergures par des remarques acerbes.

Ce cheminement dans Paris surtout dans sa conclusion va cependant positionner Grangil dans un rôle responsable où il devra faire preuve de sagesse et de réflexion pour sauver la vie de son camarade.

♦ Autour du film :

♦ Distinctions :

♦ Citations :

« Monsieur Jambier, 45 rue Poliveau, pour moi, ce sera 1000 F...Monsieur Jambier, 45 rue Poliveau, maintenant c'est 2000 F...Je voulais dire 3000.
— C'est sérieux ?
— Comment si c'est serieux !...JAMBLIER JAMBIER JAAAAMMBIER ! »

"Non mais regarde-moi le mignon là, avec sa face d’alcoolique et sa viande grise… Avec du mou partout ; du mou, du mou, l’a que du mou ! Mais tu vas pas changer de gueule un jour toi, non ? Et l’autre là, la rombière, la gueule en gélatine et saindoux, trois mentons, les nichons qui dévalent sur la brioche… Cinquante ans chacun, cent ans pour le lot, cent ans de connerie ! Mais qu’est ce que vous êtes venus foutre sur Terre, nom de Dieu ? Vous n’avez pas honte d’exister ?"

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